Vous avez sûrement déjà connu la frustration créée par le décès d’un être cher que vous ne pouvez pas pleurer à cause de tout le micmac administratif qu’il faut gérer derrière – et ce n’est pas le genre de chose que l’on confie facilement à un inconnu.
C’est encore plus terrible quand le décès a lieu de manière inattendue.
Et si VOUS pouviez dès à présent mettre en place le nécessaire pour permettre à vos proches de vivre leur deuil plus sereinement ?
Les directives anticipées
Les directives anticipées sont des choix effectués par vos soins afin d’informer l’équipe médicale si vous êtes dans l’impossibilité physique ou mentale de le faire à l’instant T.
Un coma ou une forte sédation suite à un accident rentrent dans ce cadre, tout comme un AVC qui vous empêche d’être compris, et il n’y a pas d’âge pour que cela arrive.
Les directives concernent aussi bien les traitements médicaux, que la volonté de mourir avec le moins de dispositifs médicaux en place : respirateur, perfusions, réanimation, hors de l’hôpital…
Elle peut aussi indiquer votre volonté en terme de traitement du corps suite au décès : don d’organes, inhumation, détails de la cérémonie religieuse (à présenter de préférence à part, en précisant la personne qui connaît vos volontés et où trouver les documents nécessaires).
Elles déterminent aussi une personne de confiance dont le rôle est de parler en votre nom et d’interpréter vos directives en fonction des diagnostics. La parole de ce référent va prévaloir sur celle de toute autre personne, même de la famille plus proche.
Elles sont valables à vie. Pensez donc à les mettre à jour tous les 3-5 ans.
Déposez-les dans votre dossier médical chez votre médecin traitant et donnez un exemplaire à au moins 3 personnes de confiance (dont votre contact en cas d’urgence). Il peut être intéressant que vous choisissiez la personne qui sera la plus à-même de garder la tête relativement froide et qui se chargera de l’administratif.
J’ai créé moi-même un formulaire afin de répondre aux besoins et questions de bien-être qui ne sont pas abordées dans les formulaire habituels.
Vous pouvez le télécharger ici.
Le testament
Si vous êtes PACSé et que vous avez des enfants, c’est NÉCESSAIRE de le faire dès maintenant, pour désigner votre partenaire non-séparé de corps comme usufruitier ; si vous ne l’avez pas fait, au jour de votre décès, tout ira à vos enfants et votre partenaire devra demander une autorisation du juge des tutelles pour utiliser votre héritage ne serait-ce que pour leur acheter des chaussures.
Idem pour l’immobilier (les nouvelles lois sont un peu plus souples sur ce point).
Le mariage civil règle ce problème.
Votre testament n’a pas besoin d’être authentique ( = déposé chez un notaire). Un testament olographe peut être déposé en-ligne pour moins de 30€.
Le testament reste valable ad-vitam, donc pensez à le réviser ou à inclure des clauses spécifiques (inspirez-vous de l’assurance-vie : “…à mon conjoint non-séparé de corps” en cas de mariage, “Ce testament est déclaré comme nul en cas de changement de régime matrimonial”, “…à mes enfants nés ou à naître”…).
Souvenez-vous que vous ne pouvez-pas déshériter un enfant en France. Il a une part légale sur la totalité de vos biens, et s’il se trouve que vous avez diminué cette part au profit d’une autre personne – notamment via une assurance-vie – il peut engager des poursuites envers cette personne.
Pensez à informer au moins 3 personnes (dans plusieurs cercles d’amis) de l’existence de ce testament. Une allusion dans vos directives anticipées est un plus.
Les assurance-vies
Il est important de regarder les clauses. En effet, l’assurance-vie a une clause par défaut qui n’est pas optimale afin de limiter la taxation.
Si vous avez des enfants, demandez à donner l’usufruit à votre conjoint non-séparé de corps et la nu-propriété à vos enfants nés ou à naître (sauf remariage – dans ce cas, il convient de désigner les enfants nominativement). De cette façon, au décès de votre conjoint, les enfants profitent de votre part non-soumise à taxation, à hauteur du montant transmis.
Si vous ne comptez pas revendre un bien immobilier d’ici votre décès, pensez à faire une donation en nu-propriété à vos enfants.
L’assurance-vie est à ce jour la seule option pour transmettre une somme d’argent sans taxation à une personne qui est loin (ou pas du tout) en ligne pour l’héritage.
Détails sur les assurance-vies
Les papiers courants
Vérifiez que vos proches sachent où se trouvent les papiers nécessaires.
Le Livret de Famille est souvent le plus difficile à retrouver. Idéalement, gardez-le dans une pochette où c’est écrit en gros, avec une copie de votre testament.
Mettez si possible en place un système de classement, surtout si vous avez de comptes et contrats dans plusieurs établissements financiers. Il est intéressant de garder une liste des comptes et biens immobiliers chez votre notaire, afin de lui faciliter la tâche.
Pensez que vos proches devront faire votre déclaration d’impôts, donc pensez à mettre vos reçus de dons dans le dossier avec le reste !
Si vous avez une assurance-décès, joignez à la référence vos choix d’inhumation, afin qu’il n’y ait pas de doute possible. Vous pouvez aussi demander explicitement à choisir le cercueil le moins cher (ou ce truc biodégradable s’il est LÉGAL en France). En cas d’incinération sans besoin de présenter le cercueil (cérémonie) vous pouvez opter pour la boîte en carton fournie par défaut.
Plus de détails dans l’article spécifique.
Dans tous les cas, il y a des papiers à garder et à jeter. Plus vous faites ce tri en amont, moins vos proches vous en voudront.
Pensez à garder une liste de vos mots de passe (chez le notaire et à base de questions secrètes si vous êtes parano) et notamment le fameux Bitcoin.
Mais tous les comptes de jeu nécessitant un prélèvement automatique, dans le genre, sont intéressant à avoir. Exemple simple : Netflix, pour garder votre profil perso et juste changer la carte de paiement.
Et le code du coffre-fort ?
Un double des clefs !
On y pense peu, surtout quand on vit seul. Rien de pire que d’avoir à appeler un serrurier alors que ce n’est pas chez vous, donc vous n’avez pas le droit de le faire sans l’acte de décès et un preuve de votre autorité. Aha.
Quitte à ne donner que la clef de l’appartement et que vous deviez sonner le concierge ou les voisins – comme ça ils auront aussi l’info.
Une réflexion sur « Se préparer à la mort : que faire dès maintenant »
Les commentaires sont fermés.